
MANIFESTo
Ayant grandi au Québec dans les années 2000, j’ai grandi en tandem avec la venue du téléphone portable, des laptops et des tablettes, ainsi que la mondialisation radicale de la culture. J’ai pas connu le monde avant le 11 Septembre et j’ai seulement vraiment utilisé un dactylo parce que je trouvais ça ‘vintage’.
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J’ai grandi en écoutant autant du Robert Charlevoix, que du Buena Vista Social Club et du MGMT. J’ai été végétarienne pendant 1 an quand j’avais 17 ans, un peu à cause de l’influence horrible des médias sur ma perception de mon corps et un peu à cause que je vivais de l’éco-anxiété étouffante après l’annonce de l’accord de Paris de 2015.

Les problématiques existentielles auxquelles font face les gens autour de moi à l’âge du ‘online dating’, des diètes cétogènes et des vidéos modifiées à l’aide d’intelligence artificielle sont graves.
Je fais partie d’une génération de relève musicale québécoise qui, malgré l’influence écrasante de la culture américaine, désire toujours raconter ce que ça veut dire d’être québécoise en 2025. On oublie souvent, dans le branle-bas de nos vies quotidiennes, la beauté du drame humain. On pense à aujourd’hui, on pense à demain, on pense au ‘futur’. Mais MJAE, elle, se contente pas de l’étendue régulière de l’émotion humaine. Elle veut toucher le fond de l’océan, veut voir par-dessus les nuages, et vite.

Vite, parce qu’on sait pas quand tout va exploser. Vite, parce qu'on n'est pas certaines que nos mères seront encore là pour l’apprécier. Vite, parce qu’on sait pas s’il y aura encore des nuages au tournant de la décennie. MJAE, comme tant d’autres, fait partie de la plus grande étude non contrôlée sur l’être humain et sa ténacité face à l’inconnu. MJAE voit la beauté dans les derniers au revoirs, les premières gouttes de pluie d’un orage, et les silences sur les lignes téléphoniques quand on sait que quelqu’un est là, silencieux, mais là. Elle voit aussi des bombardements, des meurtres, des ouragans à chaque jour. Elle absorbe quotidiennement sa dose de vidéos lui demandant d’être plus belle, plus grande, plus mince, plus empathique, plus forte, plus douce, plus ‘cool’.
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Chaque jour, elle prend malgré tout un pas vers le futur, qu’elle le veuille ou non. Et ça, c’est beau. C’est beau de pleurer son premier amour le jour de son départ, c’est beau de faire le deuil des enfants qu’on aura peut-être pas, et c’est beau de prendre une photo le jour de la première vraie neige de l’année, même si elle recule à chaque fois.
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La condition humaine est incurable, et on l’a tous. Tant qu’à faire, soyons humains le plus qu’on peut.





